Like a little monster ((Keiko))

Et l'temps passe comme les reflets du soleil sur l'horizon, et les souvenirs s'amenuisent comme les gouttes ruisselant sur ses joues

r a i n  s o u n d ((pale)) courageuse creuse guerrière ((sensible))  r i g o u r e u s e ((alcoolique)) insomniaque stricte douce délicate ((persuasive))
 

Rien n'était trop beau, pour ceux aux prunelles immergées, pour ceux aux envies frivoles. Et ô la vie était beaucoup trop féerique pour ceux qui ne faisaient pas attention aux étoiles dans le ciel. Ils étaient mains dans la main, eux, ceux qui avait fini par voler de leurs propres ailes vers la Corée du Sud. Japon quitté, pays de la famille, pour celui de la technologie, car s'épanouir leur restait leur seule option. Mais ô les parents les avaient retenu, ô elle ne les avait pas écoutés, celle qui ne faisait que sourire au grand jour à présent loin de leurs chaînes. Et tout était beau, tout était magnifique, sous les prunelles de deux gamins qui n'en faisaient qu'à leurs têtes. Car il était sa moitié, et elle la sienne : deux inséparables aux rires entremêlées. Alors elle s'épanouirait sans les parents, elle s'épanouirait à ses côtés, car il n'y avait que cela qui comptait pour elle : son bonheur. Enfance bénie par la joie d'une rencontre des plus fortuite, celui qui ne l'avait par la suite plus jamais quitté : sans ne jamais lâcher les lignes du destin.

Téléphone entre les mains, en permanence, comme si plus rien ne pouvait les en séparer. Mais elle n'y voyait que le mal en soi, car lui n'en avait que les yeux rivés dessus. Amitié des plus nécessaire, alors qu'elle s'effritait sous ses crises de colère intempestives, à cause de cet appareil, à cause d'eux. Ô oui celle qui ne savait pas gérer ses paroles divines et qu'elle détestait beaucoup trop aurait préféré ne pas avoir à se cacher : car elle ne maîtrisait rien du tout de ce qui les entourait. Mais lui sombrait sous les vices de ceux qui le manipulaient, de ceux qui la détestait. Car les dons : on en avait peur; malédiction pour elle alors qu'on essayait de le retourner contre elle, alors qu'on essayait de le faire la haïr. Ô mais lui avait pris ses distances, ô mais il lui revenait amoché, sous ces éclipses rougeâtres. Car les blessures ornaient son corps : bleus de jours en jours, hématomes ; et sans doute était-il tombé entre les mains de personnes que l'on ne pouvait tout simplement plus ignorer. Manipulation comme ce qu'elle osait faire, elle, sans le vouloir, alors que tout ce qu'elle aurait aimé était à sa portée de main.

Petits boulots sur petits boulots, pour celle qui essayait de maintenir le cap de ce petit foyer qu'ils s'étaient créer avec son meilleur ami, elle se rabattut sur cet art des fleurs : fleuristes pour devenir plus stable. Mais les journées étaient longues, quand le soir, il ne revenait pas, quand le soir, le visage ensanglanté, il s'allongeait pour murmurer sa tristesse au creux de ses lippes. Vices incompris de celle qui ne pouvait que le regarder se désagréger sans qu'elle ne comprenne quoi que ce soit. Car le jour elle était ce soleil lumineux à se réjouir pour un rien, à sourire pour tout, dans l'attente de revoir celui qui l'avait forgée, celui qui lui avait fait découvert ses passions. Art floral comme passion, goût de la cuisine pour l'accueillir quand il rentrait de ses excursions nocturnes. Mais quand le verrait-elle revenir avec ce sourire si doux, noiraude qui ne souhaitait que pouvoir vivre comme elle le souhaitait en observant son bonheur. ((n'était-ce pas là le but de la manœuvre ?))

Mais il avait sonné. Trois fois. Et elle avait couru. pas assez vite. Voix qui résonna, voix qui s'éteignit, alors qu'essoufflée, elle s'était arrêtée devant les ambulances et police. Ô qu'elle avait hurlé, quand sous les linceuls de fleurs, berceaux des astres, le visage avait été découvert pour lui offrir vision d'horreur, de celui qui avait été sorti de l'eau. Cauchemar vivant, sur les pans des rivières pourpres. Et le petit corps s'était effondré sur le sol, et les yeux avaient explosé de ces cristaux si infinis. Lui, lui qui lui avait tout offert. Douleur inépuisable qu'elle n'avait jamais rencontré, alors que ses jambes, elles, avaient refusé de la porter, sous les mots insuffisants de ceux qui avaient emportés le seul être pour lequel elle se battait : raison de vie dispersée, en ces cendres si éphémères qu'étaient la vie. Et peut-être que si elle avait pu courir assez vite, ses mains auraient pu s'accrocher à lui, et peut-être qu'elle aurait pu le serrer dans ses bras une nouvelle fois. Ô bonheur arraché, sur cette voix incontrôlable. Car elle pleurait, la japonaise au myocarde morcelé, et elle s'abandonnait; aux vices des vengeances inavouées.  

Gamine perdue, quand les décombres d'un téléphone lui était resté entre les mains, pour contempler celui qui avait disparu de son plein gré. Et elle sombrait dans les démons, la plus jeune, et elle souffrait le martyr, comme si tout avait toujours été de sa faute. Ô mais il l'avait accompagnée dans ce désastre à toujours la guider, lui montrer la lumière. Et elle avait apprit à ses côtés à ne pas l'utiliser. Mais elle savait que tout était de sa faute : car les dons ne semaient que problèmes sur leurs passages, et que lui; était tombé sur ceux des plus dangereux qui auraient tout simplement pu en finir avec elle. Maltraitance mentale : car les lettres de menaces affluaient, et elle n'avait que faire du monde. Car les possesseurs de dons : elle les détestait, les prenant pour responsable de cet accident. Myocarde brisé, alors qu'elle ne vivait plus, ne sortait plus, jusqu'à retrouver cette vitalité pour retourner travailler sous les regards inquiets de ses collègues. Pantin brisé dont la vie n'avait plus de sens.

Corps chancelant, de celle qui était morte pour sa famille, de celle qui avait tout perdu. Yeux sans vie qui ne faisaient plus que leurs travaux par habitude, il n'y avait plus qu'avec les fleurs qu'elle se sentait vivante, ou sous l'emprise de l'alcool qui la rendait bien plus bavarde. Car les insomnies s'étaient emparées d'elle : impossibilité de dormir sous les cauchemars permanent, sous les scènes qui se répétaient en boucle. Alors la nuit, sans doute venait-elle s'appesantir de tous les faits, verre à la main jusqu'à ne plus pouvoir tenir debout, se tuant à petit feu sous les regards de gens incapables. Mais elle, c'était tout ce qu'elle voulait, si ce n'est peut-être oublier. Tout oublier, pour au final essayer de surmonter cela seul. Impasse infinie d'une gamine aux opales réduites en cendre.

Et les fleurs : beautés éphémères que les déités avaient décidés de lui confier, entre ses doigts misérables qui ne savaient que faire faner les prunelles de ceux qui l'entourait. Car malgré une joie de vie apparente, quand les alcools la prenait, quand elle se dévoilait au grand jour, il n'y avait plus qu'avec que très peu de personne que la noiraude s'émoustillait de ces joies enfantines qui la prenaient par moment. Alors quand les lippes n'ensorcelaient pas les vis-à-vis par maladresse et que la sincérité était de mise, il n'y avait plus qu'elle et elle seule, qui vivait. Elle et ses démons, elle et ses joies de vie pourtant si imprenables pouvait en faire sourire plus d'un, alors que les mirages se révélaient souvent trompeur. Calme en journée, joyeuses sous les lumières de la nuit : deux personnes tourmentées, où elle n'arrivait tout simplement plus à être elle-même au naturel.

Temps qui défilaient sur les fenêtres de la vitrine, regard las sous les temps grisâtres : mais ô elle aimait cela elle, quand les nuages se montraient pour décolorer les villes beaucoup trop amères. Sécateurs entre les doigts, sourires faux qui ornaient ses visages enfantin, elle était seule, parmi tout ces gens aux regards heureux, seules, alors qu'elle tentait tant bien que mal de ne pas laisser les malédictions sortir de ses lippes. Mais pour combien de temps cela durerait-il ? Car les tourments la prenaient bien vite, et quand le bonheur était trop présent : elle avait cette impression de bafouer sa mémoire. Alors les lippes souvent closes,

Corps faible : santé défaillante, quand elle traînait sous les pluie torrentielle. Comme larmes sur les joues soyeuses d'une enfant beaucoup trop tiraillée, elle pouvait y rester des heures, encore et encore, les pas lourds sur les pavés glissants. Car elle aimait le son des gouttes s'écrasant sur le sol, elle aimait ce ciel gris qui se heurtait aux émotions : celui dont les larmes coulaient sur les peaux beaucoup trop pales. Alors elle rougissait à en devenir malade; jusqu'à ce que les fièvres ne s'emparent d'elle pour la faire s'effondrer sur les sols humides. Ô mais elle savait se dérouiller seule : elle n'avait plus besoin de personne, la gamine aux mains maudites et où le sang coulait. Détruite ; b r i s é e, mais vivante.